Camille Bloomfield travaille la poésie sous toutes ses formes : écriture, performance, numérique, traduction, spoken word, recherche, enseignement…
Maîtresse de conférences en littérature contemporaine à l’Université Paris Cité, elle est aussi co-fondatrice de l’Outranspo (Ouvroir de translation potencial), membre de l’Oplepo, le cousin italien de l’Oulipo, et fait partie du comité de rédaction de la revue Po&sie.
Ses textes ont été publiés en revue, numérique ou papier (L’Intranquille, Zet Mag, Mudlark, Remue.net, Drunken Boat…) ainsi que dans quatre anthologies. Aux éditions les Venterniers, elle a dirigé la collection « les gens connectés » et co-signé, avec Béatrice Bloomfield, les gens qui datent (2022). Elle y a également publié, en 2023, Poèmes typodermiques, avec une préface de Michèle Métail et des photographies de Nicolas Southon. Elle prépare actuellement deux ouvrages de recherche-création en lien avec Georges Perec dont le premier est à paraître aux éditions Le Nouvel Attila en octobre 2025).
Elle a aussi souvent travaillé avec des musiciens : les compositeurs Pierre Dunand-Filliol pour des performances à Genève et Nicolas Tzortzis (Immobilités, création pour France musique en 2019), et plus récemment avec la violoniste Marianne Piketty et son ensemble le Concert idéal (Sous l’étoile, création à l’ACB-Scène nationale de Bar-le-duc, mai 2024).
En performance, elle s’est produite à plusieurs reprises à la Maison de la poésie à Paris, mais aussi au Centre Pompidou, au CITL d’Arles, et dans de nombreux festivals (Bruits de Langues à Poitiers, Midiminuit Poésie à Nantes, DAF Festival-Genève, Poésie en mouvement à Genève, cycle Texto à Villetaneuse, Écrire en mouvement à Montpellier…).
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https://camillebloomfield.com/
Instagram (poésie) : @clebilingue
Projet initial pour la résidence :
Je travaille en ce moment sur un projet de livre hybride, multiforme, en hommage à Georges Perec, fondé à la fois sur l'écriture des lieux et les écrits de la ville. J'écris des poèmes ready-made réalisés à partir de photographies d’enseignes faites notamment à à Rome et à Londres, dans des quartiers très opposés géographiquement et sociologiquement : un quartier chic et un quartier populaire… J’y ai remarqué en effet que les enseignes y ont toutes des noms étrangers, mais pas de la même "étrangèreté", puisque ce ne sont pas les mêmes générations d’immigrés qui se sont installés dans Kensington (le quartier chic, central, donc des enseignes aux noms italiens, français, espagnols) ou Kilburn (le quartier populaire, avec des enseignes aux noms irakiens, indiens, pakistanais, etc). Il y a donc non seulement un aspect visuel, poétique, et historique mais aussi, en creux, une dimension biographique : ces photos ont été prises lors d’un « pèlerinage » réalisé récemment avec mon père sur les lieux de son enfance (Kilburn, le quartier populaire) et ceux où il a vécu plus tard, adulte, qui sont ceux de ma propre enfance (Kensington, le quartier chic). En creux, ces ready-mades d’enseignes racontent l’histoire d’un transfuge de classe à travers la lecture de la ville, et par le regard de sa fille, devenue adulte et revenue avec lui sur les lieux. Le format livre est une possibilité de réalisation de ce projet mais il n'est pas exclu que j'y intègre de la performance, de l'image, du son, à partir de la documentation produite pendant mes recherches.
Lorsque je suis venue à l’espace o25rjj en 2022 dans le cadre du colloque « What’s the Matter in translation », pour y animer un atelier de « fictions hétérotopiques » autour de la traduction, avec mon comparse de l’Ouvroir de translation potencial Paolo Bellomo, j’y ai apprécié non seulement la diversité des espaces mis à disposition pour travailler, mais aussi la grande ouverture artistique que j’y ai perçue, ainsi que le travail en lien avec le lieu contextuel de l'espace, la ville elle-même, ses habitant·es, en bref : l’art qui va à la rencontre des gens, à la rencontre de la rue, et qui ne s'embête pas des catégorisations disciplinaires.
Ma résidence dans ce lieu me permettra donc d’avancer dans ce projet intitulé « S’aencrer », mais aussi d'explorer d'autres formes d'aencrage : ecrire, très concrètement, c’est "encrer" les choses sur papier, et encrer, pour Georges Perec comme pour moi, c’est aussi, par une pirouette homophonique : "ancrer" et de là, s’ancrer, au sens de se recréer des racines perdues ou inexistantes, par le biais de l’écriture. C’est se donner un lieu, par le texte lu in situ, articulé au texte produit in situ. C'est lire la ville, écrire la ville, se fondre dans la ville.
Georges Perec, avec d’autres membres de l’Oulipo comme Raymond Queneau ou Jacques Roubaud, m’a en effet appris à lire autrement la ville : par ses enseignes, ses affiches, ses graffitis, ses traces écrites en voie d’effacement, sa signalisation, tous ces petits riens qui font l’infraordinaire d’un lieu et que l’on oublie de regarder lorsqu’on le fréquente au quotidien. Ces petits riens qui sont en fait des indicateurs sociologiques précieux, et des espaces où se niche, quand on veut bien leur accorder un regard décalé ou fantaisiste, l'incroyable poésie de la rue.
Le projet a la particularité d’être très hybride dans sa forme, et c’est là que le soutien ou l’accompagnement d’un lieu comme L'espace o25rjj me sera précieux. Bien que poétesse de formation et de pratique, principalement, j’ai un goût prononcé aussi pour le design graphique, la typographie, le collage, la photographie, mais aussi le montage sonore, les contenus numériques sur les réseaux sociaux (stories), et enfin la performance. Le projet assume et même revendique un aspect totalement disparate, à la fois littéraire, graphique, multimédia, papier mais aussi augmenté de contenus numériques. C’est un projet un peu fou, libre, foutraque, joyeux. »
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suivi de résidence en images...
La résidence commence par la découverte de Loupian, du lieu et une 1ère visite à Sète s'est imposée avec une rencontre avec Pierre Tilman à la Galerie Zoom suivi de la visite de l'exposition à LATELIER et l'écoute des poètes sonores Gilles Bingisser et François Poyet pour terminer au vernissage de l'exposition de Sophie Cale au MRAC de Sérignan...